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Espace Ecriture
7 janvier 2019

ECRITURE : les premiers pas

3 Frederick BEn 1809, Frédérick B.Fölsch visait à réguler l'alimentation en encre

Le stylo est œuvre d’art, signe de distinction. Serti de pierres précieuses ou peint à la main, élancé ou trapu,
solide ou fragile, il reflète les goûts et la personnalité de son propriétaire.

Qu’a-t-il donc de si particulier, ce petit cylindre, pour qu’on l’aime à ce point ?

Le stylo est un petit objet séduisant et très pratique, ses utilisateurs sont donc innombrables, et bien rares sont ceux qu’il laisse indifférents. De l’attachement mesuré à la passion idolâtre, l’affection se décline, imparable...Bien entendu, on peut s’en tenir à l’évidence première et, sans craindre le démenti, affirmer sereinement qu’il s’agit d’un instrument d’écriture, la belle affaire, le feutre aussi. Et le crayon. Et le stylo à bille, la craie...il y a une différence, mieux qu’une différence, quelque chose de plus...L’instrument peut se métamorphoser en bijou, en pièce d’orfèvrerie, s’habiller d’or, d’argent, de laque et parfois de diamant, s’orner d’arabesques, de motifs floraux ou géométriques...Cette éventuelle splendeur de l’habillage en fait un signe évident d’ostentation sociale, singulièrement pour l’homme dont la panoplie est en général pauvre en bijoux. Le stylo serait un moyen commode d’affirmer son standing culturel...On l’achète, mais souvent il vous est offert par un proche, c’est un présent, un témoignage d’affection ou d’amour. Offert aux enfants et aux adolescents pour marquer une étape importante de la vie, il devient un des accessoires de nos rites d’initiation laïque ou religieux. Il devient un objet plus que personnel, personnalisé, sa plume connaît la main qui l’a façonnée, il est dès lors unique, un objet à part. Outre les multiples et respectables motivations personnelles, du genre souvenirs d’enfance, goût du beau ou du bizarre, désir d’accumuler, de posséder ou de spéculer, soif de connaître, l’intérêt, l’attachement et parfois la passion suscité par le stylo tiennent à ceci, qui est rare : nous pressentons que sans lui un pont s’effondrerait derrière nos pas...sans fracas, dans le terrifiant silence de nos mémoires mutilées...

Portrait de famille

Il convient de situer le stylo au sein de la grande famille des instruments d’écriture. L’écriture est l’un des savoir-faire de l’humanité, car c’est elle qui a rendu possible son essor culturel.
L’homme qui dessine ou écrit peut soit entailler, graver avec un objet plus dur que le support, soit déposer sur celui-ci une substance d’une couleur, d’une valeur ou d’une texture différente.A la première catégorie appartiennent ciseaux, poinçons et styles. Le poinçon était dans les mains des Mésopotamiens qui, voilà plus de cinq millénaires,,inventèrent l’écriture. Les instruments qui déposent une substance sur un support se répartissent à leur tour en deux familles d’inégale importance.  Il y a ceux qui laissent une part d’eux-mêmes sur le support : la craie qui laisse du calcaire et les crayons qui laissent du charbon de bois. Et puis il y a la grande famille des instruments qui appliquent sur le support une substance :  il s’agit, dans le domaine de l’écriture de l’encre. C’est la lignée la plus riche : pinceaux, plumes, stylos à plume, stylos à bille, feutres. 

D’une extrémité d’une tige de jonc, les scribes égyptiens obtenaient un pinceau rudimentaire, mais ce sont les Chinois qui, depuis plus de trois millénaires, furent les véritables pères du pinceau. On peut considérer que les feutres en sont ses descendants directs.

L’apport le plus révolutionnaire des Egyptiens à l’écriture fut leur utilisation du jonc, de l’encre et du papyrus dont nous leur sommes directement redevables aujourd’hui. En Occident, l’histoire de l’écriture est intimement liée aux becs fendus dont l’ancêtre est le calame, simple tige de roseau taillée en pointe et fendue. De la Palestine jusqu’aux colonnes d’Hercule, il fut en usage dans tout le Bassin Méditerranéen. Au Moyen Age, il sera
sérieusement concurrencé par la plume d’oiseau qui finira par s’imposer sans partage, sauf chez les peuples islamisés qui, refusant d’écrire avec un fragment d’animal, resteront fidèles à la tige végétale.

La plume d’oiseau est plus souple que le calame, plus facile à tailler, moins cassante et son élasticité permet de faire jouer la pression de la main. Toutes ces qualités en feront notre plume privilégiée pendant près d’un millénaire et sous son bec naîtra la quasi totalité de la littérature occidentale. Du plus haut Moyen Age jusqu’au 19° siècle, la plume d’oie fut l’instrument qui permit d’enregistrer chacun des aspects du progrès de la civilisation en Europe. Quasiment tous les travaux écrits, qu’ils eussent trait à la religion, la philosophie, la littérature, l’histoire, la science, la médecine, le commerce ou l’administration, furent tributaires de l’humble plume d’oie...

En ce qui concerne les supports, dès 2500 avant J.C, le parchemin commençât à remplacer les feuilles de papyrus et c’est en Chine ( vers 105 après J.C) que le papier aurait été inventé. Les premières papeteries apparurent en Perse dès 793. Après avoir conquit le monde arabe, les Maures installèrent la première papeterie européenne à JATIVA en Espagne en 1150.

La préparation d’une plume d’oie pour écrire est tout autant un art qu’une science. S’émoussant rapidement, il faut la retailler très souvent. Joseph BRAMAH inventeur anglais déposa en 1809 un brevet pour un taille plume mécanique améliorant ainsi les dispositifs antérieurs et qui permettait de tailler plusieurs plumes en même temps. Ces premiers modèles faits à la machine étaient vendus sous le nom de Bramah’s Patent Pens étaient placés dans des porte - plume comportant une bague de serrage. Bon nombre des ces porte - plume étaient de superbe facture, qui se paraient de métaux précieux, d’ivoire, d’écaille, de pierres semi - précieuses...

L’idée de façonner une plume métallique n’est pas récente. Les Egyptiens y avaient déjà songé. De nombreuses tentatives furent effectuées pour trouver un substitut métallique à une plume d’oie qui nécessitait d’être sans cesse retaillée. Jusqu’au 17° Siècle, de vrais précurseurs travaillèrent le cuivre, le laiton, l’acier, l’argent et l’or en espérant créer des plumes durables, taillées une fois pour toutes, insensibles aux variations hygrométriques. Les résultats ne furent guère probants : perforation du papier, rouille, érosion par l’acidité des encres...tels furent les principales difficultés rencontrées. Seuls l’or et l’argent permirent d’obtenir des résultats plus ou moins satisfaisants, mais très loin de pouvoir soutenir la comparaisons avec une plume d’oie bien taillée, sans tenir compte du prix prohibitifs de tels instruments.

Le 19° siècle voit l’Europe industrielle réclamer des plumes dans beaucoup de mains, l’Europe démocratique naissante en veut dans toutes...

C’est dans le berceau industriel de BIRMINGHAM que naîtra la plume d’acier. Ses pères se nomment Samuel HARRISON, Joseph GILLOT, John et William MITCHELL, Josiah MASON, James PERRY

Entre 1820 et 1840, les brevets succèdent aux brevets, les perfectionnements dans la conception et la fabrication se multiplient, on améliore l’élasticité en fractionnant les surfaces rigides par des fentes, des incisions, des perçages. Les plumes tubulaires sont peu à peu remplacées par des modèles à talon. La plume d’acier devient un instrument de qualité dont le prix ne cesse de baisser, la plume d’oie est condamnée. En 1846 Les Français s’y mettent en créant à BOULOGNE SUR MER une industrie florissante. Les Allemands ne tardèrent pas à suivre

La plume d’acier conquiert l’Europe et c’est une bénédiction, elle sera l’arme d’un combat glorieux, celui de la démocratisation de l’enseignement. Pendant plus d’un siècle, elle sera à l’ouvrage, contribuant à faire de cette civilisation dite de l’écriture une réalité pour le plus grand nombre. La fabrication de la plume d’acier représente une industrie importante. A la fin du 19° siècle, 5000 personnes sont employées à BIRMINGHAM, 1600 à BOULOGNE SUR MER. La production annuelle atteint 2800 millions de plumes, dont 1800 millions pour la Grande Bretagne, 500 millions pour la France et 500 millions pour le reste du monde.

 

 

 

 

 

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