Wahl-Eversharp le « CA »
Le stylo bille qui fit sombrer la marque
Après la Seconde Guerre mondiale, le stylo bille B fait son entrée sur le marché américain. En mai 1945, Eversharp, avec iberhard Faber, achète les droits des stylos bille Biro à la société Eterpen d’Argentine. Après plusieurs mois de travail, le stylo bille «CA» (Capillary Action) voit le jour. Il fonctionne sur le principe de l’attraction capillaire, avec un roulement à billes miniature. Eversharp aura dépensé plus de 2 Millions de dollars entre l’obtention n des droits, le perfectionnement du stylo et l’élaboration de sa commercialisation.
Peu avant le lancement du « CA», la société apprend que Milton Reynolds, à New York, propose aussi un stylo bille. Elle l’attaque en justice, mais les poursuites resteront sans suite faute d’un dépôt légal initial du procédé : Biro. Le 29 octobre 1945, les premiers stylos Reynolds sont mis en vente.
Le résultat est extraordinaire : 10 000 unités sont écoulées dans la journée! Eversharp, pris de court, lance son « CA » en avril 1946. La première année, les ventes sont colossales, et, grâce au stylo bille, l’entreprise voit son chiffre d’affaires remonter de manière stupéfiante. Malheureusement, le succès est de courte durée : le stylo, vendu sous garantie, n’est pas fiable ! Et, en 1947, les clients renvoient des milliers d’exemplaires.
Le « CA », qui devait écrire aussi bien sur du papier ordinaire, du tissu, du papier glacé ou du buvard — et ce, sans couler -, et même continuer de fonctionner s’il tombait à l’eau, finalement n’écrit pas !
C’est le déclin. Eversharp va payer très cher d’avoir cru trop tôt au stylo bille. L’aventure le plonge dans un véritable gouffre financier, sans pour autant mettre fin à la saga du bille. La société se maintient comme elle peut jusqu’en 1957, date à laquelle elle vend la totalité de sa division d’instruments d’écriture à Parker, avant de disparaître dans les années I960.
Extrait de 100 Stylos de Légende de Nathalie Valax, Isabelle Chabeur et Bruno Lussato édité en Septembre 2001 chez les Editions SOLAR Paris