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Espace Ecriture
28 décembre 2018

Bic le « Cristal»

Bic Le Crystal

Carcasse pour appareils scripteurs

En 1949, le baron Marcel Bich dirige une petite entreprise de stylographes avec son  associé depuis 1945, Édouan Buffard. Le dernier modèle de stylo à bille alors sur le marché est celui de Reynolds, inspiré du Biro. Pourtant, malgré l'immense succès du stylo dès 1945, l'encre n'est pas stable elle sèche et provoque des pannes répétées ou des fuites. Reynolds n'est pas le seul à rencontrer difficultés. Aucune marque n'est capable de répondre aux exigences du consommateur. Quant à Ever sharp, son obstination lui sera fatale, et Parker finira par racheter la célèbre marque.

Le vrai réformateur de la pointe bille travaille dans l'ombre du côté de Clichy. Marcel Bich, poussant une brouette  a soudain une révélation : la bille est l'application de la roue à l'écriture. Fort de cette découverte, le baron, après deux ans de recherches, aboutit à la création, à l'aide de tours d'horlogerie, d'une bille parfaitement sphérique qui n'accroche plus sur le papier. D'abord façonnier pour cinq ou six petites marques, Bich décide de créer la sienne après avoir racheté les brevets Biro.

Au lendemain de sa rencontre avec le baron Bich, Pierre Guichenné, président de l'Agence française de propagande, est enthousiasmé par le projet : il va se charger de son lancement. Il conseille à Bich d'abandonner le H de son nom pour faire une version plus courte, facile à mémoriser, et peut-être une marque universelle. Dès 1952, il orchestre la campagne promotionnelle du Bic « Cristal » : spots radio, films pour le grand écran, affiche épatante de Savignac «Elle court, elle court, la pointe Bic ». Résultat : la société vend 200 000 stylos par jour. Le Bic « Cristal » fait 14,3 cm de long et 8 millimètres de diamètre pour un poids de 4 grammes. Son corps est transparent afin que l'on puisse vérifier le niveau d'encre. Hexagonal, tout comme le crayon mine de l'époque, il permet une bonne prise en main pour une écriture sûre. Dans le corps, un petit trou laisse entrer l’air qui vient ainsi combler le vide laissé par l'encre utilisée et assure la même pression à l'intérieur du stylo qu'à l'extérieur. C'est grâce à cet équilibre que l'encre s'écoule vers la bille. Les deux extrémités du Bic sont fermées respectivement par un bouchon et un capuchon. Depuis 1991, celui-ci est troué, en application de la norme internationale pour permettre la respiration en cas d'ingestion accidentelle. Le bouchon et le capuchon sont de la même couleur que l'encre.

Composées de solvants, de résine et de colorants, les encres sont produites dans les plus imposantes usines de la marque. L'encre est injectée dans le tube à l'aide d'une pompe sur des machines dessinées et fabriquées par Bic. La pointe est usinée avec précision dans un cylindre de laiton, un métal tendre. Extérieurement, elle a une forme conique. Le sertissage de la bille à l'intérieur est réalisé selon un procédé unique à l'entreprise. La bille est en acier. Son diamètre est de 1 millimètre pour la pointe moyenne du Bic « Cristal » et de 0,7 mm pour la pointe fine du Bic « Orange ». Une bille de 1 millimètre effectue environ 1 500 tours/minute pendant l'écriture. Un Bic peut, dit-on, tracer une ligne de 3 kilomètres... puis on le jette. Voilà la grande révolution fomentée par le baron : remplacer les stylos rechargeables par des stylos jetables. Deux ans après son lancement, le Bic est le produit de consommation le plus vendu en France. En 1957, le baron fait l'acquisition de la Biro-Swann Ltd pour s'ouvrir tout le marché de la zone sterling. Un an plus tard, il rachète la Waterman Pen Cie et part   ainsi à la conquête de l'Amérique du Nord. À la fin des années 1950, la pointe révolutionnaire représente 70 % du marché européen. Parallèlement, des innovations améliorent le produit : en 1961, la bille en carbure de tungstène — plus dur que l'acier — élimine les bavures et... une grande partie de la concurrence.

Après avoir été longtemps interdit de séjour dans les écoles publiques françaises, le Bic sera, en 1965, enfin consacré par une nouvelle génération d'étudiants, ceux-là mêmes qui écriront plus tard Mai 68... Mais un autre aspect de la réussite du stylo est la modicité de son prix : au milieu des années 1990, alors que le prix du timbre-poste a été multiplié par vingt en quarante-cinq ans, un Bic « Cristal » ne coûte que deux fois son prix de lancement, en 1952.

En quarante-cinq ans de production, le Bic s'est vendu à plus de 20 milliards d'unités. En 1997, le groupe Bic acquiert le groupe Sheaffer : plume contre bille... Bic a signé la victoire.

 

Extrait de 100 Stylos de Légende de Nathalie Valax, Isabelle Chabeur et Bruno Lussato édité en Septembre 2001 chez les Editions SOLAR Paris

 

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