La première encre moderne à l’alizarine

En 1856, le chimiste August Leonardi du royaume de Hanovre, résolut en une seule fois les principaux problèmes liés à l'encre. Il ne proposa plus les principaux composants, acides tanniques et sels métalliques, sous la forme d'une solution finie, mais les sépara. Pour ce faire, il recourut au principe vieux de 2000 ans de l'encre sympathique de Philon de Byzance : il commença par apposer l'acide tannique incolore sur le papier, auquel il avait ajouté un pigment provisoire issu de la garance - l'alizarine - et de l'indigo. De par cette astuce, l'acide tannique se colorait immédiatement en vert-bleu et devenait lisible. Une fois que l'eau, après séchage de l'encre, s'était évaporé du papier, l'oxygène de l'air oxydait les sels métalliques. L'écriture noir profond de l'encre métallo-gallique apparaissait alors uniquement sur le papier. Leonardi pouvait désormais renoncer aux adjonctions de gomme arabique périssable. En outre, il fut le premier à ajouter du vinaigre de bois aux propriétés antibactériennes à sa nouvelle encre. L'encre pérenne et liquide était née -condition préalable à la fonctionnalité des futurs stylographes.

Extrait de STYLOS, CRAYONS ET PLUMES « La Culture de l’écrit » B.GARENFELD et D.GEYER aux éditions HF ULLMANN