Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Espace Ecriture
30 janvier 2019

La précieuse pourpre

3 La précieuse pourpre

La pourpre compte parmi les couleurs les plus précieuses. Elle était obtenue à partir des sécrétions du coquillage de Méditerranée, le murex. On prélevait les glandes produisant les sécrétions colorées sur le coquillage vivant. Le fruit de cette technique cruelle était minime : pour la production de seulement 1 g de pigment pourpre cristallin - d'ailleurs peu utilisé pour la fabrication d'encre, mais essentiellement réservé à la production de teinture pour les habits des rois et des princes -, il fallait sacrifier environ 10 000 coquillages. Au fil des siècles, l'encre métallo-gallique s'imposa sur ses concurrentes, grâce à ses propriétés particulières.

Elle était souvent complétée de suie, de gomme arabique ou de vinaigre. La lie de vin rouge permettait d'obtenir des couleurs marron, alors que le minium donnait un rouge lumineux. De temps en temps, une petite dose de vermouth était ajoutée de façon à éviter que les souris, omniprésentes dans les sombres et austères pièces monacales, ne viennent grignoter les manuscrits. Mais une méconnaissance des règles de base eut souvent pour conséquence que les encres métallo-galliques finirent par ronger les documents au fil des ans. En général, cette destruction tenait à une surdose d'acide.

Hors de l'austérité et de l'isolement des monastères, le monde séculier requérait également son lot d'encre pour un usage profane. Au premier chef, outre les objets d'utilité quotidienne tels que brosses, peignes et casseroles, les marchands ambulants proposaient également des encres, stockées dans des tonnelets qu'ils portaient ou dans de gros conteneurs en bois, tirés par des bêtes de somme. En chantant ou en appelant, ils attiraient les fonctionnaires de chancellerie, les commis de commerçants et les filles de bourgeois, et remplissaient du liquide issu de leur propre fabrication les récipients complaisamment tendus avec entonnoirs et gobelets mesureurs.

 

 

Extrait de STYLOS, CRAYONS ET PLUMES « La Culture de l’écrit » B.GARENFELD et D.GEYER aux éditions HF ULLMANN

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Espace Ecriture
Archives
Publicité