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Espace Ecriture
20 janvier 2019

Reynolds le premier stylo bille américain

Reynolds

Un parcours rocambolesque

Milton Reynolds découvre le stylo bille Biro en 1945, au cours d’un voyage en Argentine. Il en achète une demi-douzaine d’exemplaires dans un magasin de Buenos Aires et s’empresse de repartir aux Etats-Unis. Dès son arrivée, il rassemble des ingénieurs et des techniciens auxquels il demande de mettre au point le plus vite possible un stylo bille. La saga du bille a commencé.

La compagnie Eversharp, peu de temps auparavant, a dépensé une somme importante pour acheter les droits du stylo Biro et elle travaille à la conception d’un stylo bille. Mais le brevet Biro protège uniquement la méthode d’alimentation en encre, pas le stylo lui-même. Il est donc possible de lancer un stylo bille doté d’un autre système d’écoulement. Milton Reynolds opte pour un tube réservoir en aluminium rempli d’encre, sur laquelle flotte un piston en plastique qui empêche les fuites par le haut. Le coup est dur pour Eversharp, qui attaque son concurrent en justice. Sans succès. Le stylo de Reynolds est même lancé avant le sien.

Le 29 octobre 1945, les magazines new-yorkais annoncent l’arrivée en exclusivité dans les grands magasins Gimbel’s du prodigieux modèle : «Voici l’incroyable stylo dont on a tant parlé ! » s’exclame la publicité.

Dès 9 heures du matin, plusieurs milliers de personnes attendent devant les portes. On doit faire appel à la police pour contenir la foule, prise d’hystérie collective. Pendant cette première journée, près de 10 000 unités sont vendues. La campagne de publicité conçue par Milton Reynolds a frappé les esprits. Son argument : enfin un stylo qui permet deux années de tranquillité, car on n’a pas besoin de le recharger. Le public est prêt à payer très cher cette nouveauté si attrayante. La marque l’a compris : sa politique est de fabriquer le moins cher possible pour vendre le plus cher possible. Le coût de fabrication d’un stylo est inférieur à 1 dollar et son prix de vente s’élève à 12 dollars. Le bille rencontre un succès incroyable : 25 000 exemplaires sont vendus en une semaine ; 8 millions la première année. Les gains sont énormes.

Mais le Reynolds se révèle moins parfait que ne le prétendait la publicité. Il faut le recharger beaucoup plus souvent que prévu. Il sèche ou fuit ; l’encre laisse des taches indélébiles sur les vêtements. Par milliers, les acheteurs retournent leur exemplaire à l’usine. Malgré des publicités de plus en plus folles - le Reynolds peut écrire sur la peau d'un crocodile immergé! -, rien ne peut plus convaincre les clients déçus. Milton Reynolds cède alors à bas prix tout son stock. En 1946, il se retire, riche : en moins de deux ans, il a bâti un véritable empire. D’autres marques essaieront de produire des billes, mais il faudra attendre encore pour voir apparaître un stylo performant.

En 1945, au cours de ses voyages de promotion, Milton Rey¬nolds rencontre en France Edmond Régnault, fabricant de stylos plume depuis 1927. L’entreprise familiale française va reprendre progressive¬ment tous les brevets et les droits d’exploitation de Reynolds, pour devenir la grande marque que nous connaissons aujourd’hui.

 

Extrait de 100 Stylos de Légende de Nathalie Valax, Isabelle Chabeur et Bruno Lussato édité en Septembre 2001 chez les Editions SOLAR Paris

 

 

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