CROSS « Le Stylographic Pen »

Le stylo qui permet les copies carbone

L’entreprise A. T. Cross, le plus ancien des fabricants d'instruments d'écriture américains, est fondée   vers 1846 à Providence, dans l'État de Rhode Island. C'est à cette époque que Richard Cross, maître bijoutier britannique, émigre aux États-Unis avec sa famille. Il y fabrique des étuis à crayon en or et en argent ciselés, véritables bijoux. Dès 1847, l'immigrant élargit sa production à des porte-plume et des portemines en or et en argent. Trois ans plus tard, il crée à Attenborough une affaire qui emploie douze personnes, mais suite à la grande panique financière de 1857, il rejoint les ateliers de Bradbury, près de Providence. À la fin de la guerre de Sécession, l'entreprise a triplé de taille. En 1871, après avoir commencé très jeune à travailler avec son père, Alonzo Townsend Cross devient son associé. Au cours de cette décennie, il va se consacrer à deux grands projets : mettre au point un moteur à vapeur qu'il utilisera plus tard dans ses ateliers, mais surtout révolutionner le monde de l'écriture avec l'invention du stylographe à fil.

Il s'agit du premier instrument d'écriture capable de produire des copies carbone à partir d'un original réalisé à l'encre. En effet, ce stylo transfère l'encre sur le papier au moyen d'une solide aiguille creuse remplaçant la plume classique. L'utilisateur peut donc appuyer assez fort pour dupliquer son texte grâce au papier carbone. Auparavant, il fallait employer un crayon pour réaliser des copies, car les plumes étaient trop souples pour résister à la pression nécessaire sans se casser. L'invention d'A. T. Cross sera décisive, à tel point que l'utilisation du « Stylographic Pen » deviendra obligatoire dans les services de FUS Mail, la poste américaine.

Extrait de 100 Stylos de Légende de Nathalie Valax, Isabelle Chabeur et Bruno Lussato édité en Septembre 2001 chez les Editions SOLAR Paris