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Espace Ecriture
2 février 2019

La (très) longue histoire du PARKER DUOFOLD

La Saga Duofold

Lorsque Parker lance le Duofold, en I 92 I, personne dans l'entreprise, créée en 1887 à Janesville, aux Etats-Unis, par George S. Parker, ne peut imaginer que, quatre-vingt-quinze ans plus tard, le Duofold sera toujours au catalogue de la marque. Ce stylo est celui qui, de loin, aura la plus grande longévité au monde, et je ne doute pas qu’on fêtera avec faste son centenaire dans cinq ans !

À l'aube des années 1920, Parker est l'un des grands dans la compétition ardue que se livrent les maisons américaines. Ses concurrents ont pour nom Waterman's, Sheaffer's, Conklin ou Wahl. George S Parker, ancien enseignant, est un formidable inventeur et un capitaine d'industrie avisé. En 1920, il a déjà déposé de nombreux brevets.au rang desquels les plus remarquables sont destinés à éviter les fuites génératrices de taches d'encre. Le conduit « Lucky Curve » permet à l'encre contenue dans les canaux de la section de « revenir » dans le réservoir par capillarité, lorsque le stylo est mis en poche plume vers le haut (on évite ainsi que la plume soit souillée lorsque, sous l'effet de la chaleur du corps, l'air contenu dans le réservoir se dilate et expulse cette encre résiduelle vers l'intérieur du capuchon). « L’inner cap », véritable doublure de capuchon, ferme hermétiquement le logement de la plume en faisant contact avec l'extrémité de la section lorsque le capuchon est vissé à fond. Le « blind cap», associé au «button-filler», évite les fuites. Sur les stylos à levier produits à cette époque par Sheaffer's et Waterman's, en cas de rupture du sac en caoutchouc contenant l'encre, celle-ci se déverse dans le corps du stylo et vient souiller la poche en fuyant par la fente du levier qui actionne la barre de compression dudit sac. Parker se passe de cette fente et actionne la barre de compression à l'aide d'un bouton (buton-filler) qui émerge par un trou pratiqué au bout du stylo. Il sécurise et rend étanche cet orifice par un mini capuchon vissé au bout du corps (blind cap).

Parker facilite aussi le transport de ses stylos ainsi sécurisés en créant le clip à bague : une bague, simplement sécurisée au capuchon par le sommet vissé de celui-ci, porte une agrafe à boule qui n'accroche pas le tissu mais maintient efficacement le stylo en poche. Dès les années 1915, ces innovations équipent les Parker dits «lucky curve», notamment les grands stylos en ébonite noire guilloché Parker 25, puis 26 (plume un peu plus grande) ou 28 (corps et plume plus grands). Parker réfléchit ensuite à une innovation qui lui permettrait de devancer définitivement la concurrence, dont il doit savoir qu'elle prépare de nouveaux modèles, en particulier dans le haut de gamme.

Mais c'est un directeur commercial régional, Lewis M Tebbel, qui convainc l'atelier de produire un Parker 26 (un 25 à plume n°6 en fait) en utilisant un tube d'ébonite orange qui traîne dans un coin, tout en conservant le blind cap, la section et le sommet du capuchon en ébonite noire. En montrant son « prototype » à ses clients, Tebbel récolte rapidement de nombreuses commandes pour son grand stylo orange à bouts noirs, qu'il propose de vendre au prix élevé de 7 USD !

Après avoir essuyé un refus du management de Parker, il convainc Keneth Parker, fils de George S., d'inclure son « Duofold » à la gamme de Parker. Devant le succès local rencontré, le dirigeant accepte. En août 1921, le stylo entre en production. Parker lance une campagne de publicité dans la presse et son stylo devient vite un best-seller. En 1922, deux modèles de plus petite taille sont ajoutés au catalogue

(Junior et Lady). D'autres  variantes  seront rapidement proposées et une demande pour des stylos noirs est faite par les distributeurs. Elle est satisfaite dès 1923. Parallèlement, Parker travaille sur une nouvelle matière et veut répondre à la concurrence de Sheaffer's, qui a adopté un an avant le Celluloïd pour son Lifetime vert jade. Un contrat est signé avec Dupont pour la fourniture de tubes de Celluloïd, que Parker appellera « Permanite ». Dès le printemps 1925, les premiers Duofold en Permanite orange sont produits, sans que Parker en fasse la promotion afin d'éviter un procès avec Sheaffer's, qui avait déposé des droits sur la nouvelle matière.

L'innovation venant par la couleur, on produit en 1926 des Duofold vert jade mais, Parker se méfiant de la stabilité du nouveau matériau, ne les appellera pas Duofold pour le lancement commercial du stylo, de peur de ruiner l'image de son champion des ventes. Dès 1927, le jade, un peu plus vert vif, devient officiellement une composante de la gamme Duofold. Suit un magnifique bleu lapis, inspiré du lapis lazuli (bleu sombre sur bleu un peu plus clair, puis bleu avec de petites taches blanches), et un jaune vif appelé « mandarin », iconique aujourd'hui mais mal vendu à l'époque. Bizarrement, le noir, dénommé » jet », est l'un des moins fréquents aujourd'hui... En 1928, deux bagues de capuchon viennent remplacer l'unique bague des débuts. Un magnifique Duofold de luxe est lancé, en Celluloïd « modem black & pearl », nacré veiné de noir, du plus bel effet. Sa plume est spécifique, de même qu'une bague en sommet de capuchon. Cette première série du Duofold est dite «fiat top». C'est en pleine crise de 1929 que Parker renouvelle le design de son stylo en le rendant légèrement effilé aux extrémités et un peu plus court. On le nomme « streamlined ». Il change également de conduit pour une nouvelle pièce qui maîtrise mieux le débit d'encre.

Les Streamlined Duofold seront aussi produits en plusieurs tailles et dans une large variété de couleurs - celles du fiat top - auxquelles s'ajouteront un « modem green and pearl » très réussi et un « Burgundy & black » élégant. Un « modem pearl green & black » complète l'offre en 1928. En 1933, la production de ce stylo au succès commercial incomparable cède la place sur les chaînes au Vacumatic. Il sera cependant toujours produit au Canada et en Angleterre, dans des formes légèrement évoluées et dans d'autres couleurs encore, et ce jusque dans les années 1940. L'Angleterre remplacera ses stylos par des modèles plus aérodynamiques encore dès 1946. Ils porteront toujours le nom de Duofold, même s'ils ne ressemblent plus à leur glorieux ancêtre. Les années soixante et soixante-dix marquent la fin provisoire de l'histoire, même si le Duofold devient un « collector » pour tous les amateurs. Lorsque Parker fête ses cent ans, en 1987, c'est tout naturellement que le Duofold renaît de ses cendres, et de belle manière, avec un superbe grand stylo très inspiré du fameux fiat top big red, décliné en plusieurs couleurs réussies et en deux tailles : Centennial (le plus grand), et International (le plus petit). Depuis cette date, les Duofold évoluent, deviennent à nouveau légèrement streamlined et, surtout, se parent de finitions originales, y compris en séries limitées, parmi lesquelles les fameux « Mandarin Yellow ». Les variantes ne se comptent plus, et il est évident que depuis 1987 les Duofold modernes constituent à eux seuls un véritable thème pour une magnifique collection ! Certains sont déjà introuvables ou presque.... Si ça vous tente, faites vite ! Alors que le Duofold fête ses 95 ans, voilà qu'il fait feu d'artifice de nouveautés dont nous vous parlerons très vite !
Extrait du numéro 50 LE STYLOGRAPHE

 

 

 

 

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