Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Espace Ecriture
1 février 2019

LA MARQUE DE L’EAU ?

Visconti Watermark 2

VISCONTI WATERMARK DÉMO

On connaît la maîtrise et l’inventivité de Visconti dans les domaines techniques, avec le double réservoir à remplissage par dépression, la plume en palladium, le système de fermeture à baïonnette ou la mise en œuvre de matériaux originaux (lave volcanique, marbre, fibre de carbone…).

On connaît également le savoir-faire de la maison florentine en matière d’habillage ajourés et on se souvient du fameux Voyager Uffizi, lancé en 1993, suivi par les Ripple et autres Skeleton ou Istos Aracnis, pour ne citer qu’eux. Le nouveau stylo Watermark Démo, en série limitée à 888 exemplaires, que je teste aujourd’hui, est le digne représentant de ces talents. Il s’agit d’un grand stylo en résine transparente revêtue d’un habillage ajouré en argent massif 925/1000e.Cet « overlay » est fait d’une résille de « V » aux branches très écartées (référence au logo de Visconti) reliés entre eux par de fines lames obliques et l’aspect général évoque les plumes d’un oiseau de métal, les arêtes d’un poisson fabuleux ou les rides qui courent sur l’eau d’un torrent impétueux… Watermark ? L’empreinte de l’eau ? La transparence du corps et du capuchon et la brillance de l’habillage me font irrésistiblement penser à ces flots puissants des rivières de montagne qui scintillent sous le soleil. Les watermarks sont aussi des filigranes numériques permettant d’ajouter des informations à un document numérisé, comme des copyrights par exemple… Filigranes, comme ces décors ajourés que les Américains appelaient « filigree » …

Le contraste entre l’argent et la résine transparente est une réussite totale. Sous le capuchon, et entre les jours du filigrane, on voit la grande plume en palladium 23 carats, cependant que lorsqu’on regarde le corps, c’est l’encre bleue qui joue entre les ouvertures de l’habillage…

Indiscutablement, ce stylo est une réussite esthétique ! Il est peu fréquent que je porte un tel jugement d’ordre subjectif, et encore plus rare que je le partage…

Bien que l’habillage soit ajouré, le stylo est d’un poids certain. Pas lourd, mais présent en main. Je dévisse le capuchon, qui ne poste pas au bout du corps, et c’est heureux : le stylo serait déséquilibré par trop de poids sur l’arrière. Le clip est l’arc de cercle monté sur articulation à ressort caractéristique de Visconti. Il porte le nom du fabricant sur ses flancs, sur fond ivoire. Le sommet du capuchon porte le logo à « V » double. La section est en argent et de forme ergonomique. Elle porte la belle plume Visconti, qui reçoit les gravures traditionnelles de la maison florentine.

« Mon » Visconti Watermark est équipé d’une plume « S »

pour Stub. Une pointe d’iridium large et coupée droit, qui permet des merveilles… sur lesquelles je reviendrai. Je dévisse le bouton du bout du corps et m’apprête à actionner le piston du double réservoir. Un petit mot sur ce système de remplissage cher à Visconti s’impose. Le réservoir est composé de deux parties séparées par une valve : la petite partie, vers la section, peut être alimentée en dévissant le bouton du piston, puis en le tirant vers l’arrière de quelques millimètres. Quand elle est remplie, il suffit de repousser et revisser le piston pour que la partie principale du réservoir soit totalement sécurisée, la valve jouant son rôle et empêchant toute fuite, quelles que soient les variations de pression auxquelles le stylo serait soumis.

Le mode d’emploi est le suivant :

1. Dévisser le bouton à l’extrémité du stylo.

2. Tirer vers l’arrière le piston et sa tige jusqu’au point de résistance.

3. Immerger la plume jusqu’au bas de la section (cela suppose qu’il y ait assez d’encre dans le flacon).

4. Pousser le piston vers le bas, jusqu’au bout.

5. Plume toujours immergée, compter jusqu’à cinq afin de permettre le remplissage.

6. Sortir la plume de l’encre et revisser le bouton du piston.

Essuyer la plume.

7. Le stylo est prêt à l’usage, on voit l’encre dans les deux parties du réservoir.

8. Quand le stylo n’écrit plus, il faut recharger la partie antérieure du réservoir.

9. Dévisser le bouton du piston, plume tenue vers le haut.

10. Remettre le stylo plume en bas pour permettre à l’encre de descendre dans le réservoir inférieur.

11. Revisser le bouton, le stylo est prêt.

Cela vous semble complexe ? Il suffit de l’avoir fait une fois en respectant bien toutes les étapes pour apprécier ce système très sûr et finalement plaisant, comme peut l’être une cérémonie du thé.

C’est un luxe agréable de savoir prendre son temps, non ? Mon stylo alimenté en encre bleue, je vais pouvoir tester cette fameuse plume en palladium 23 carats. Le palladium est un métal précieux extrêmement pur et rare. Il est résistant au ternissement et il est de plus en plus utilisé en haute joaillerie. C’est le métal le moins dense du groupe du platine. Il confère à cette plume de la flexibilité, mais pas de ces flexibilités molles où la plume peine à revenir après une forte pression :

elle est souple et nerveuse, et évite de ce fait les ruptures dans l’arrivée d’encre.

Sous la pression, les becs s’écartent largement pour revenir ensuite efficacement.

L’effet calligraphique est encore accentué par cette plume « stub » : trait large en descendant, s’élargissant encore avec la pression, et trait fin à l’horizontal… Avec un peu de pratique, vous maîtriserez les pleins et les déliés, soit sans faire appel à des variations de pression, du seul fait de la forme de la pointe, soit en augmentant le phénomène, en exerçant une pression accrue lors des traits descendants ! Assez large, la plume stub est plus adaptée aux grandes écritures. Les amateurs d’écriture plus petite choisiront leur plume dans les largeurs plus classiques. Visconti propose en effet les classiques « F », « M, ou « B » (B pour « broad », soit une plume large) ou les plus rares « EF » ou « BB » ou encore cette magnifique « S ».

J’ai beau faire varier la pression ou la vitesse d’écriture, le conduit en ébonite délivre son encre avec constance. On veillera simplement, avec cette plume stub, à conserver la plume bien perpendiculaire au papier, sans rotation qui viendrait contrarier le contact des pointes des becs avec la feuille. Je vous rassure, c’est un réflexe que l’on prend vite.

Décidément, ce Visconti Watermark Demo est une réussite totale !

Je suis conquis… Un rapide coup d’oeil sur les tarifs de ce stylo qui existe aussi en roller (une telle merveille exige une plume – à mes yeux)…

me permet de constater qu’il n’est pas offert. Il n’en demeure pas moins qu’au regard des qualités objectives (et subjectives), de l’excellente finition et du talent d’écriture de ce stylo, dont il ne sera produit que 888 exemplaires, le prix est non seulement tout à fait justifié mais aussi particulièrement bien placé par rapport à la concurrence !

Watermark ? Il nous gratifie d’une sacrée démo !

Jean BUCHSER

 

Extraite du numèro 51 LE STYLOGRAPHE

 

Extraite

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Espace Ecriture
Archives
Publicité