Où est le temps des plumes ?...(1)

L'utilisation de la plume pour écrire est liée, comme celle du calame égyptien ou du pinceau extrême-oriental, à celle de l'encre, contrairement aux instruments permettant de graver, comme le style, ou de déposer leur propre matière, comme la craie, la mine de plomb ou le graphite.

LES PLUMES D'OISEAU : Il semble que "les stylos en roseau ou en piquants d'animaux aient été en usage depuis des temps fort anciens, mais la première mention écrite d'une plume d'oiseau est faite par saint Isidore de Séville qui dans le texte daté de 624 écrits décrit un outil nommé "penna avis" (plume d'oiseau).

La plume d'oiseau pour écrire s'impose vraiment au Moyen Âge et pendant la période classique pour disparaître à la fin du XIX° siècle. Bien que l'on parle habituellement de plume d'oie, bien d'autres oiseaux étaient utilisés ainsi pour l'écriture fine : on privilégiait plumes de corbeau, de canard ou même de coq de bruyère, alors que les plumes de vautour, d'aigle ou de cygne pouvait servir à l'écriture à larges traits. La plume d'oiseau est préférée au calame en Occident car elle permet d'écrire plus fin sur le parchemin et sa souplesse autorise pleins de déliés. Les plumes destinées à l'écriture sont les rémiges, soit cinq plumes environ choisies sur l'aile(de préférence la gauche). Avant d'être utilisée, la plume doit être débarrassée de la graisse qui le recouvre, pour cela, elle est plongée dans de la cendre ou du sable chaud, puis elle est grattée à la lame et devra vieillir avant d'être taillée. La taille qui nécessite une connaissance et une habileté particulière se fait au taille-plume. Diderot consacre une planche entière à cette opération dans l'Encyclopédie. Plusieurs sortes de taille-plumes sont employés, d'abord des couteaux servant à la fois pour tailler et gratter, puis des canivets de dimension plus petite que les couteaux et munis d'une lame(voire plusieurs) en forme de faux et enfin les tailles plumes mécaniques permettant à tout un chacun d'assurer convenablement la découpe du bec et la réalisation de la fente. Jusqu'au milieu du XIX° siècle, la fabrication et la vente de plumes d'oiseaux pour écrire est une industrie florissante en Europe. On rapporte qu'en 1830, l'Angleterre importait vingt-quatre millions de plumes, les principaux pays producteurs étant la Pologne, la Poméranie et la Lituanie. On estime que la Banque d'Angleterre consommait plus d'un million et demi de plumes par an.

Article de Yllen Inaurut. Extrait de la Revue The Lion de Septembre 2008